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Cette médecine traditionnelle indienne qui promet de retrouver équilibre et bien-être nous inspire. L’ayurveda, et si on s’y mettait ?
L’ayurvéda nous vient de très loin, cette « science de la vie » est née il y a cinq mille ans au coeur de l’Inde. Reconnue par l’Organisation mondiale de la santé depuis 1982 comme médecine traditionnelle, exercée en Inde dans les hôpitaux et enseignée à l’université en Angleterre, cette pratique vise la préservation de l’équilibre physique, mental et émotionnel. S’extraire d’un quotidien à cent à l’heure le temps d’une cure ayurvédique de plusieurs jours, voire de plusieurs semaines, permet en effet de se reconnecter avec soi-même.
L’expérience séduit de plus en plus d’Occidentaux, la très extravagante Anna Dello Russo du « Vogue » Japon, en tête, qui, entre deux fashion weeks, va se ressourcer au Somatheeram Ayurvedic Health Resort au Kerala, en Inde. Dans cet « hôpital » ayurvédique, on croise une clientèle du monde entier, hommes et femmes de tous âges, en recherche de mieux-être. La cure ayurvédique, c’est la promesse d’une détox sans souffrance. On se débarrasse de ses maux, on se fait cocooner dans un environnement ultra-zen tout en profitant de la chaleur et de l’exotisme. L’équation bien-être idéale pour adopter de nouvelles habitudes à long terme.
LA CURE AYURVÉDIQUE EN INDE ou au Sri Lanka
En raison de son climat tropical et de son abondante végétation (source infinie d’herbes médicinales), le Kerala, dans le sud-ouest de l’Inde, est le lieu privilégié des cures ayurvédiques. On y croise des touristes occidentaux mais aussi des Indiens des grandes villes. Si l’ayurvéda est traditionnellement pratiqué à des fins médicales dans les hôpitaux du pays, ces cures ont le bien-être pour vocation. Tout commence par une consultation. Prise du pouls, observation de la langue, de la morphologie, de la peau, questionnaire détaillé sur les habitudes, la qualité du sommeil, de la digestion, les préférences alimentaires, l’état d’esprit, les maux du quotidien… Toutes ces informations permettent au médecin de déterminer le profil dosha de la personne, plutôt vata-pitta ou pitta-kapha par exemple, et ses déséquilibres. En fonction, un programme personnalisé de plusieurs jours est mis en place, avec massages, traitements et médicaments. Les huiles, celles de sésame ou de coco, utilisées pour les massages sont infusées de plantes, choisies elles aussi en fonction du profil de l’individu. Tout comme les recommandations diététiques, les aliments et épices pouvant influer sur l’équilibre des doshas.
Ensuite, chaque jour se déroule de la même façon : séance de méditation, cours de yoga, repas (capables de convertir les plus grands fans de burgers au végétarisme, tant ils sont savoureux) arrosés de « herbal water » et, bien sûr, massages et traitements chargés de stimuler les marmas, points énergétiques du corps, et de détoxifier l’organisme. Au programme : le fameux shirodhara, écoulement d’un filet d’huile sur le front ; l’abhyanga, massage du corps à l’huile ; le dhanyamla dhara, eau chaude infusée de plantes spécifiques et versée sur le corps à un rythme régulier, ou encore le chavutti thirumal, massage pratiqué avec les pieds…
Primordiale aussi, la détox, les toxines étant considérées comme sources de maladies et de fatigue. On aura donc droit au tharpanam, nettoyage des yeux avec des gouttes, au nasyam, introduction dans le nez d’huile aux plantes médicinales, ou encore au dhoopanam, application de vapeur aux plantes dans les oreilles. Et, après quelques jours de cure, au virechana, c’est-à-dire à la purge par les plantes, qui permet de nettoyer complètement les intestins et de détoxifier le foie et la vésicule.
Durant les tout premiers jours de cure, on peut ressentir des maux de tête, une grande fatigue, souvent liés à la mobilisation des toxines, à l’activation de la circulation sanguine, aux changements d’habitudes tout simplement. Les massages peuvent aussi surprendre. Très différents des techniques pratiquées en France, ils sont à la fois plus dynamiques et plus enveloppants. On se sent comme un bébé entre les mains de la masseuse. Une régression absolument antistress, comme en témoigne cette curiste : « Cette “prise en main” très maternelle fait un bien fou, car elle est totalement inhabituelle pour les adultes occidentaux. On ressent une bienveillance absolue. »
Quels sont les bienfaits ? Regain d’énergie, détente profonde, sommeil retrouvé, une quasi-renaissance, comme pour cette curiste qui s’étonne de se réveiller le matin vraiment reposée, pour la première fois depuis des années. Les problèmes digestifs, le mal de dos, les douleurs articulaires sont également soulagés. Quant à celles qui veulent perdre du poids ou dégonfler, de façon saine et durable, c’est la méthode idéale. « Moins trois kilos en dix jours, une vraie sensation d’allégement intérieur, d’être moins ballonnée, et un changement réel d’habitudes alimentaires depuis mon retour, avec moins de viande, de produits laitiers, plus de fruits et légumes, le bilan est ultra-positif », témoigne Patricia, businesswoman, qui constate également que son esprit s’est allégé, qu’elle prend plus facilement ses distances face aux complications quotidiennes. Et c’est l’un des autres très grands bénéfices, sentir son corps et son mental profondément résistants, plus aptes à faire face aux différentes formes de stress.
Qu’il s’agisse des massages, du yoga, des repas épicés et végétariens, tout est pensé pour calmer les inflammations de l’organisme. Quand on sait que les microstress chroniques accélèrent le vieillissement (d’où le concept de « inflammaging »), l’ayurvéda semble donc être aussi une option efficace pour nous aider à affronter les années.
Alors que la médecine occidentale morcelle le corps et cible les maux, l’ayurvéda appréhende l’individu comme une unité corps-âme-esprit. « Une personne est considérée en bonne santé lorsque sa physionomie est en équilibre, sa capacité de digestion et son métabolisme fonctionnent bien, ses tissus et ses fonctions d’excrétion sont normaux et son esprit ainsi que tous ses sens se trouvent dans un état de bonheur profond et constant », écrit en 1000 avant J.-C. Sushruta, grand médecin ayurvédique, auteur de l’un des textes fondateurs de cette médecine. Le principe de base de cette approche holistique : chaque être vivant est constitué des cinq éléments fondamentaux, la terre, l’eau, le feu, l’air et l’éther, qui s’expriment en trois forces vitales, les trois doshas, vata, pitta, kapha. La bonne santé dépend de l’équilibre entre les doshas. Pour le préserver ou le retrouver, l’ayurvéda possède un arsenal de traitements : préparations médicamenteuses à base de plantes, massages à l’huile et soins stimulants et détoxifiants, mais il prône aussi la pratique régulière du yoga et de la méditation, et recommande une alimentation végétarienne.